S’il est remis à la mode, version re-masterisée, le concept de ‘la nuit noire de l’âme’ est bien plus profond que la version New Age qui le rendrait presque glamour. Il relève en fait de la mystique chrétienne du 16e siècle. Il relate un combat de l’âme, un chemin pour grandir, qui s’inscrit dans la foi chrétienne, mais je pense néanmoins qu’il est très d’actualité et a des enseignements à partager.
De quoi s'agit-il ?
C’est Saint Jean de la Croix qui en a parlé dans son ouvrage, La nuit obscure de l'âme, au 16e siècle. Le mystique a traversé une épreuve spirituelle, un sentiment d’abandon tellement profond, alors qu’il avait une foi jusque-là inébranlable. Il se retrouve emprisonné et se sent complètement abandonné, lui qui avait donné son âme à son Dieu.
A contrario, un divorce, une séparation difficile, un burn out, un bouleversement émotionnel, ou quelques jours de ‘passage à vide’ ne sont pas une nuit obscure de l’âme.
En fait, cette crise se distingue par deux éléments : elle a un agenda (dans le sens un ordre du jour) et un chemin.
5 clés pour la comprendre
Parmi nos contemporains, c’est Caroline Myss qui pour moi en parle le mieux. Les lignes qui suivent sont inspirées par ses mots ainsi que mes réflexions.
La nuit sombre de l’âme est un voyage archétypal. Son but est de casser et changer notre relation à Dieu, notre compréhension de la nature du Divin, et de comment le divin fonctionne dans notre vie. Peu importe notre religion ou notre tradition.
Cela arrive lorsque nous sentons que nous avons suivi un chemin où nous avons été guidé, porté en quelque sorte et où finalement, les choses ne se passent pas du tout comme prévu (comme nous pensions, nous souhaitions que cela se passerait). Nous nous sentons abandonnés. Le divin ne se manifeste plus. La question est alors ‘si j’ai reçu tous ces messages, si je les ai suivis, alors pourquoi est-ce difficile ? Pourquoi est-ce que je ne reçois pas ce que j’aurais du recevoir ?’ C’est un sentiment de grande injustice.
La nuit obscure est une profonde crise mystique. Si une dépression n’est pas à priori une nuit noire, revenir sur ce concept peut être intéressant, dans la mesure où nous (en Occident) avons tellement été séparés de quelque chose de plus grand que nous, de toute nature divine, que nous nous trouvons perdu sans même savoir pourquoi. Nous avons tellement peur d’être enfermé par un dogme, que nous rejetons tout en même temps, âme, spiritualité et sacré, pour nous retrouver dans une vie où règne la consommation et le matérialisme, totalement dépourvu de sens pour les âmes incarnées que nous sommes. A notre époque, nous ne reconnaissons plus une crise spirituelle lorsqu’elle apparaît. Et elle apparaît bien plus souvent que l’on ne pense, car l’âme qui cherche à s’exprimer a besoin de retrouver sa nature divine et sa connection au divin.
En général, nous avons tendance à croire que si nous sommes ‘gentil’, rien de mal ne nous arrivera. Nous serons protégés, épargnés. Comme si la gentillesse était le remède à toute difficulté, comme si elle tenait la promesse de notre réussite. Petit, nos parents nous demandaient d’être gentil; en l’étant nous voulions nous garantir leur amour. Lorsque nous ne l’étions pas, nous étions punis - c’est à dire privés d’amour. Parce qu'on ne sait pas punir sans priver d’amour. Puis on grandit dans la croyance que pour être aimable, nous devons être gentil. Or croire que l’on est gentil permet surtout de ne pas voir nos autres côtés. Nous sommes tous un amalgame d’éléments positifs mais aussi négatifs. Notre vraie nature est complexe, pas si angélique (mais cela n’en fait pas non plus une nature mauvaise !). Mais réelle. Unique. Lorsque nous cessons de croire que nous ne sommes que gentil, lorsque nous acceptons que nous sommes autre chose, alors nous pouvons commencer à travailler pour être un tout.
De la même façon, notre relation à Dieu, au divin, est souvent enfantine, immature. Nous pensons que s’il y avait un Dieu, alors il ne permettrait pas que tant d’injustice existe, que des enfants meurent, que des gens souffrent pour rien, qu’il y ait des guerres (certains, convaincus de cela, préfèrent se dire athées). C’est une vision erronée à mon sens. Le Divin ne nous promet pas la justice, la paix, un monde parfait. Mais un terrain de jeu où nous pourrons exprimer notre sens de la justice. Peut-être à travers les injustices. Un terrain où nous pourrons exprimer la paix, peut-être lorsque nous aurons expérimenté la guerre. En fait, un terrain dans lequel nous pourrons choisir la justice, la paix etc, par notre simple libre arbitre. En passant au-delà de nos limites, au-delà de nos masques, au-delà de la croyance que nous méritons.
Pour avancer sur notre chemin
La différence entre une nuit obscure et une crise psychologique est qu’une crise spirituelle a un agenda, un but, une intention. Une crise psychologique n’en a pas.
Saint Jean de la Croix nous dit que : La vie n'est pas une question d'équité, mais de réponse à l'injustice; La vie n'est pas une question de raison, mais de naviguer dans le déraisonnable.
Quelques questions à se poser :
Quelle est la nature de ma relation au Divin ?
Qu’est-ce que j’attends de l’univers ?
Comment ai-je fait mes choix récemment ?
Pour quel résultat ?
Quel est mon sentiment, ma perception, face à ce résultat ?
Lorsque l’on aura compris le chemin, accepté l’injustice, appris à trouver notre puissance sacrée, lorsque nous serons émancipés, que nous choisirons notre libre arbitre, lorsque nous aurons changé de regard sur ce que nous laissons nous conditionner, sur notre façon de réagir face à la vie, alors nous pourrons trouver la grâce.
Elle ne vient pas sans un combat avec certaines parties de nous-même. Les trésors de la vie ne sont pas si facilement accessibles. Mais la nuit vaut la peine d’être traversée.
Namaste,
Claire
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